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L’EAU ÇA BRÛLE !



Cette fois, ils ne feront pas la même erreur. Ils ne laisseront pas passer une seule occasion de prendre une douche. La route qui les a emmenés de Brisbane à Sydney a laissé des traces ! Cinq jours sans se laver, sans même un bain de mer ou de rivière ! Un record pour cette année. Jennifer est donc bien décidée ! « Cette semaine nous resterons propres ! » Surtout que Jenny a des blessures à soigner. Les trois jours à Sydney n’ont pas été sans conséquence. Le rythme de vie en ville n’est pas le même que sur la route, d’autant que Sydney est une ville particulière. Dans les cafés, il ne faut pas payer quand on passe commande et, en plus, la plupart du temps on commande assis à sa table. L’addition se règle avant de partir. À 20 heures, les restaurants commencent à peine à se remplir, alors qu’ailleurs, après 19 heures, il est difficile de trouver un endroit où manger.

La ville grouille et ne semble jamais s’arrêter. Les rues sont pleines de monde, touristes et habitants s’y mêlent dans un brouhaha permanent.


Les journées sont donc occupées à flâner entre l’Opéra, Bondi Beach, l'aquarium et le Sydney Bridge. Trois journées entières sans toucher une seule fois à la voiture, garée en périphérie pour ne pas avoir à payer le prix exorbitant des parkings. Flâner et profiter d’une ville en vrai touriste est reposant mais pas sans danger. Car les journées sont longues. Alors, Vincent et Jenny veillent, sortent manger des burgers ou des pizzas (surtout des pizzas ; sur les trois soirs ils choisissent de dîner deux fois de suite dans la même pizzeria), vont boire dans des bars et, en rentrant, Jenny en bonne Anglaise se fait du thé. Mal lui en prit, avec la fatigue des longues journées jusqu’à 22h30, boire un simple thé peut s’avérer dangereux. L’eau chaude peut se renverser et causer des brûlures au deuxième degré... Peu s’en fallut qu’après les visites des urgences médicales de Cairns, Jenny ne soit contrainte d’essayer leur homologues de Sydney. Un massage à la biafine et un bandage serré seront finalement venus à bout des cloques couvrant désormais ses doigts de pieds.

Le retour à la vie urbaine n’est donc pas sans dangers. Fort heureusement, la nature n’est jamais bien loin. À moins de deux heures de Sydney se dressent les Blue Mountains et les Rochers des Trois Sœurs. Les légendes aborigènes locales racontent que trois sœurs sont tombées follement amoureuses de trois frères d’une tribu voisine. Les lois des deux tribus empêchant leur union, les trois hommes décidèrent d’enlever les sœurs afin de les épouser. La fuite des jeunes filles provoqua une terrible guerre entre les deux clans. Pour protéger les jeunes filles pendant la bataille, un magicien décida de les changer en pierre le temps de l’affrontement. Malheureusement il fut tué, condamnant les sœurs à vivre éternellement transformées en rocher. C’est avec cette légende en tête que Vincent et Jennifer visitèrent le lieu. Bernés, comme la plupart des touristes venus de Sydney, par cette histoire inventée de toutes pièces par l’industrie du tourisme afin d’appâter de nouveaux visiteurs !

Au-delà de ces trois soeurs, les “Blue Mountains” sont surtout l’occasion d'entamer leur dernière semaine de road trip et de goûter à nouveau aux joies du camping. La météo est plutôt clémente en cette fin d’hiver mais un vent violent rend les températures très fraîches. Pour la première fois depuis près de 8 mois, Vincent quitte le short pour remettre un de ses jeans. Un minimum pour braver un Zéphyr tellement fort que les chutes d’eau de Wentworth ne touchent jamais le sol. La rivière se jette du haut de la montagne, mais le flot, emporté par le vent, se disperse dans le ciel. À tel point qu’en marchant au-dessus des cascades, Vincent et Jennifer ont dû se protéger de pluies venant d’en bas !

Après avoir vu Sydney et ses montagnes bleues, il ne reste plus grand-chose à faire aux deux voyageurs avant de boucler la boucle. Mais un petit détour par la capitale s’impose. Au début de XXe siècle, ne parvenant pas à décider qui de Melbourne ou de Sydney devait prendre le dessus, les autorités australiennes choisirent de construire une ville entre les deux pour abriter le pouvoir politique. C’est ainsi qu’est née Canberra. La ville, devenue la capitale, est un curieux cocktail. Un mix entre les petites villes de l’Outback et les métropoles que sont Sydney, Melbourne ou Brisbane. Une seule rue semble abriter l’ensemble des commerces et bars de la cité.


En ce samedi soir, l’ambiance est plutôt animée. Il faut dire que c’est soir de match. Le club de Canberra va tenter de se qualifier pour les demi-finales de la Nationale Rugby Ligue. Ici, le rugby à XIII est une religion. Et si les pubs font le plein, ça n’est pas pour voir l’équipe nationale du rugby à XV affronter l’Argentine. Mais en dehors de cette rue, pas grand-chose, voire rien du tout. La ville semble sans vie. Le « parlement triangle », abritant musées et parlement fait même davantage penser à une cité fantôme qu’à n’importe quoi d’autre. Pourtant, la visite des musées est intéressante. Revoir l’histoire des différentes villes traversées, permet de comprendre comment ce pays fonctionne. Et de voir à quel point la fracture – constatée sur les routes – entre le monde aborigène et “l’Australie White”, est encore loin d’être refermée.





Le road-trip se termine. Après Canberra, Jenny et Vincent passent leur dimanche soir vers Lake Entrance à 300 kilomètres de Melbourne. L’occasion de rencontrer, sans doute pour la dernière fois, un couple de ses « grey nomades » comme l’Australie en compte des milliers. Ces couples de vieux qui, une fois l’âge de la retraite atteint, parcourent le pays en caravane pour suivre le soleil. Ainsi, Wolfgang et Deb aiment rencontrer de jeunes voyageurs. A dire vrai, ils ne sont pas vraiment des grey nomades, car ils ne sont pas encore à la retraite mais ils sont « en formation ». La soirée est agréable et la cheminée du pub, comme les Guinness offertes par ce couple sympathique, permettent d’oublier le froid terrible qui règne dehors.

Pas de quoi se plaindre cependant, car les nuits dans la voiture ne seront plus très nombreuses. Plus que deux semaines et leur avion décollera pour leur faire quitter l’Australie, peut-être à jamais. Deux semaines et un objectif : vendre leur voiture. Celle-là même qui leur a permis de faire près de 30 000 kilomètres, celle que Jacob a défoncée le premier jour mais qui aura finalement tenu toute une année, déjouant là tous les pronostics !


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