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BYE-BYE NED KELY !



Les rues sont toutes décorées en bleu et rouge, les couleurs des Westerns Buldogs qui affrontent les Cygnes de Sydney, samedi, en finale de l’AFL. Les Buldogs ont la chance de jouer à domicile, enfin quasiment. L’équipe vient de Footscray dans la banlieue ouest. Il faut dire que sur les 18 équipes qui composent l’élite du football australien, 9 viennent de Melbourne ou de sa banlieue. Ici, le footy n’est pas un sport, c’est une entité de la culture australienne à part entière. La discipline en elle-même est assez brouillonne et, vue de l’extérieur, il est assez difficile de comprendre l’engouement qui l’entoure. Les règles sont simples pour ne pas dire simplistes. La balle doit passer entre les poteaux du milieu pour marquer 6 points (si jamais la cible est manquée mais que la balle tombe entre les poteaux latéraux un seul point est marqué) . Pour y parvenir, tout est permis (excepté les bousculades dans le dos). La finale se déroule chaque année à Melbourne, bastion de ce sport. Depuis deux ans, la veille du match est même devenue un jour férié pour permettre aux familles de profiter de la parade organisée du centre-ville jusqu’au stade.





Samedi, 99 980 personnes étaient massées au MCG pour assister au sacre des Buldogs. L’occasion pour Jennifer et Vincent de profiter une dernière fois des rues de Melbourne avant le départ vers la Nouvelle-Zélande. Tous les bars ont fait le plein, toutes les autres activités de la ville semblent presque suspendues. La fanzone autour du stade a été prise d’assaut plus de 24 heures avant le coup d’envoi. Trouver un bar où regarder les matchs n’est donc pas chose aisée, d’autant que les parties sont longues... un match dure plus de deux heures. Le printemps étant encore trop timide, hors de question de rester dehors dans le froid. D’autant qu’il y a peu de chance que l’anxiété, due à l’enjeu de la rencontre, leur fasse oublier la température. Mais bon, maintenant que la voiture est vendue, il n’y a plus qu’à attendre que l’avion décolle et en profiter pour regarder les us et coutumes. Au- delà de la finale de footy, ce WE est aussi celui de la finale de Ruby League. Une équipe de Melbourne affronte une équipe de Sydney, à Sydney cette fois. Car si Melbourne revendique haut et fort son statut de capitale “mondiale” du sport, les deux finales ont été sagement réparties entre les deux villes rivales.

Finir un périple aussi long, le jour du plus grand événement sportif de l’année tombe à pic. Quand on voyage, certaines choses vous poursuivent. En Australie, le sport en fait partie. Chaque WE, il est impossible d’échapper aux diverses rencontres. Tous les bars retransmettent l’ensemble des matchs. Et, quelle que soit l’actualité, les résultats du WE sont le sujet de conversation numéro 1.

L’Australie est un pays jeune construit en peu de temps et qui cherche encore son identité. Le sport y est donc central, d’autant plus s’il permet de se différencier des Anglais et des Américains. L’histoire aussi est importante. Si rien ne semble s’être passé avant l’arrivé

des Occidentaux, en 200 ans, le pays s’en est rapidement écrite une avec une place particulière pour les « bush rangers ». Tout au long de leur voyage, Jennifer et Vincent ont pu le constater. On ne compte pas les établissements à la gloire de Ned Kelly, le bandit masqué, qui dévalisait, au début de 19e siècle, les riches de l’Ouest du Victoria. Arrêté et mis à mort par la justice australienne, Ned Kelly est devenu le symbole d’un pays fier et indépendant. Au moment de sa capture, 10% de la population du Victoria signèrent même une pétition pour demander la libération de ce Robin des Bois australien. Moins glorieux et moins connus que leurs homologues américains, l’Australie a également eu ses cow-boys, son far-west et ses chercheurs d’or.


L’or ? On ne peut pas franchement dire que Jenny et Vincent étaient venus le chercher ici, en tout cas, ils ne l’ont pas trouvé ! D’autant que la vente de la voiture n’a malheureusement pas été aussi simple que prévu. Dans le Victoria, pour pouvoir vendre une voiture, elle doit passer une batterie de tests dans un garage pour obtenir une certification. Les 40 609 km parcourus, depuis l’acquisition du véhicule en novembre dernier, ont laissé des traces sur la mécanique. Trois roues sont à changer, ainsi que le pare-brise et les suspensions arrières, sans même parler de la vidange et du liquide de frein. En tout, pour obtenir le précieux sésame, c’est plus 1 100 dollars qu’il faut dépenser... En si peu de temps, difficile d’investir une telle somme sans avoir l’assurance de vendre... Après avoir mis l’énergie du désespoir dans leurs annonces gumtree et malgré quelques rendez-vous, Jennifer et Vincent doivent se résoudre à vendre leur voiture pour 400 dollars dans un garage du centre-ville. Les valises sont désormais fermées, 40 kg chacun (de quoi pouvoir s’offrir un petit supplément bagage sur le vol Jet star). Sur leur téléphone, l’application Wikicamp, qui leur a permis de trouver un endroit où dormir et où se doucher pendant près d’un an, est désormais supprimée. Le trajet jusqu’à l’aéroport leur fait profiter une dernière fois de la vue de Melbourne by night. L’oncle de Jenny qui les a hébergés cette dernière semaine les raccompagne, et il faut dire au revoir au pays de Ned Kely, des koalas, des kangourous, du footy, du sable rouge et de l’outback et dire bonjour à celui du long nuage blanc.


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