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UN LONG NUAGE PAS SI BLANC


La nuit fut courte. Il faut dire que les 3 heures passées dans l’avion n’ont guère permis de fermer l’œil plus d’une heure. L’arrivée à 5 heures du matin est un peu difficile. D’autant qu’il faut attendre 9 heures pour pouvoir récupérer la voiture... Inutile de tenter un petit tour en ville avant. Les voilà bloqués à l’aéroport de Christchurch. Celui-là même où, une semaine plus tôt, Aron Smith, célèbre demi de mêlée All Black a été surpris en train d’accompagner une jeune femme dans les toilettes « handicapé », le privant ainsi d’une titularisation pour le dernier match du rugby Championship face à l’Afrique du Sud et le forçant à se confondre en excuses publiques. Quand on est un All Blacks on se doit d’être irréprochable.





Mais ce lundi matin pas de Blacks à l’horizon. Dans un coin du café de l’aéroport, Jennifer et Vincent tentent tant bien que mal de finir leur nuit. D’autant qu’il leur faut un peu d’énergie car leur loueur de voiture est à plus de deux kilomètres et avec 80 kg de bagages ce n’est pas rien... Une fois la voiture récupérée, l’escale à Christchurch est courte. La ville n’est pas désagréable, mais se remet doucement des tremblements de terre de 2010 et 2011. Elle offre un drôle de spectacle. Le centre-ville est un conglomérat de containers dans lesquels sont installés cafés et commerces, partout des chantiers reconstruisent les immeubles détruits.


La Nouvelle Zelande n’est pas l’Australie et les distances sont courtes. En 1 heure de route, les deux voyageurs se retrouvent à Okaora, au milieu d’une enclave française sur les bords de l’Océan Indien. Ici, les drapeaux tricolores fleurissent un peu partout. Le soleil, timide, daigne se montrer mais les températures sont très basses. Après avoir voyagé un an en Australie, l’arrivée en Nouvelle Zelande est un sacré choc. Heureusement que les dernières semaines passées dans le New South Wales et le Victoria ont servi de transition et évitent un choc climatique trop fort. Mais au-delà des températures, les deux pays sont très différents (en tout cas de prime abord). Alors que Jennifer et Vincent ont encore en tête les routes toutes droites du désert rouge, celles du Canterbury sillonnent des montages sur lesquelles un drap de velours vert semble s’être posé.

Un vert partout tacheté de blanc. Si, au loin, on aperçoit les sommets enneigés ce n’est pas la neige qui décore les collines mais les innombrables troupeaux de moutons. Et si, ici aussi, il est possible de rouler plusieurs heures sans jamais croiser personne, il est en revanche inenvisageable de parcourir plus de 200 mètres sans croiser un mouton ! Les paysages rappellent ceux des Pyrénées mais avec, à leurs pieds, les vagues de l’Océan qui viennent se briser avec fracas. Et quand les voyageurs s’aventurent vers les terres, l’Océan laisse place à d’immenses lacs, toujours encerclés de sommets enneigés. Même quand elle ne tombe pas du ciel, l’eau est partout.


Après un crochet par le lac Tekapo, Jennifer et Vincent se dirigent vers le sud et la Southern scenic route. Avant, un arrêt s’impose à Dunedin. Surnommé l’Edimbourg du Sud, force est de constater que d’un point de vue météorologique sa réputation n’est pas usurpée. Mais si parfois l’accent néo-zélandais est aussi peu audible que l’écossais, et que, dans la ville, quelques individus se promènent en kilt, la comparaison ne tient pas la route quand on commande un haggis au pub. Dunedin est une ville étudiante, considérée comme dynamique et vivante – ce qui en Nouvelle Zélande veut dire que quelques bars restent ouverts après 17 heures. Profitant de l’occasion, Jennifer a donc voulu se rappeler ses bons souvenirs britanniques en dégustant la spécialité écossaise. Quelle ne fut pas sa déception quand à la place d’une panse d’agneau odorante à souhait, elle s’est vue servir un concassé de foie d’agneau à étaler délicatement sur des morceaux de pain...

Un peu déçus mais pas abattus, Jennifer et Vincent reprennent la route. Leur voiture de location, dotée d’un lit, leur permet de dormir confortablement n’importe où. Malheureusement beaucoup de camps ne sont autorisés qu’aux véhicules équipés de leur propre toilette... Pour établir un itinéraire, il faut donc faire bien attention aux endroits où l’on souhaite s’arrêter pour dormir et il faut souvent payer pour pouvoir garer sa voiture et y passer la nuit. Entre les gouttes, ils arrivent tout de même à profiter de la côte sud. Il faut dire que par son ascendance britannique, Jennifer est beaucoup plus à l’aise que Vincent dans ce climat humide. C’est tout juste si elle ne saute pas dans chacune des nombreuses flaques d’eau qui parsèment leurs randonnées ! En bord de mer, le vent vient se rajouter à la pluie, chassant les nuages et donnant un spectacle somptueux d’un ciel gris et bleu à la fois.

Après avoir longé la côte, la Southern scenic route remonte vers le nord et vers les terres pour amener à Te Anau puis aux Milford Sound. Au bord du lac Gunn, le vent se calme un peu et les températures sont presque agréables. Jennifer et Vincent en profitent pour passer la nuit dans un incroyable décor tout entouré de montagnes avant de continuer la route et d’affronter les vents violents et les pluies diluviennes annoncées pour le lendemain.




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