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LA NUIT LA PLUS LONGUE






Il est 3 heures du matin à Auckland. Au dessus du Pacifique quelque part entre la Nouvelle Zélande et l'Australie, à bord du vol Ek449 Emirat Airline qui l’amène à Dubaï, Vincent peine à trouver le sommeil. Il y a un an, Jenny et lui partaient pour l’autre bout du monde. Les voilà donc sur le chemin du retour. Aux 41 000 kms parcourus en Australie, s’ajoutent désormais les 5 000 passés à vagabonder sur les routes néo-zélandaises.

A l’aéroport d’Aukland, déjà, l’attente a été longue. Inquiets d’un probable excédent de bagages, Vincent et Jennifer ont rendu leur voiture à l’agence de location à 15 heures ; une heure plus tard, le taxi les a déposés au terminal alors que leur avion ne décollait qu’à

21h. Chacun a droit à 30 kg de bagages en soute. Si l’ensemble des affaires laissées en route tout au long de l’année contribue à les alléger, nos voyageurs transportaient tout de même 80 kg à eux deux quand ils ont quitté Melbourne ! Les valises sont posées sur la balance et le verdict, cruel et glacial ne tarde pas à tomber : les sacs sont toujours trop lourds ! Ils risquent de devoir payer un surplus de 114 $ par kilo supplémentaire.

La mort dans l’âme, Jennifer doit se séparer de ses bandes dessinées (qui feront, on l’espère, le bonheur d’un enfant passant par là) et de ses tubes de crème. Arrivés au comptoir d’enregistrement, la tension n’est pas retombée et quand le steward annonce que leurs trois valises pèsent 61 kg, soit 1 kg de trop, Jennifer est à deux doigts de craquer. Heureusement pour eux, la compagnie ferme les yeux sur ce malheureux kilo et les laisse embarquer.

Les bagages enregistrés, il n’y a plus qu’à attendre le décollage. Ce qui est bien quand on s’apprête à traverser la moitié du globe c’est qu’on n’est plus à une heure près. Assis à savourer leur dernière bière dans l’hémisphère sud, Vincent et Jennifer commencent doucement à réaliser. Vincent est absorbé par un écran qui diffuse les meilleurs moment de la finale du NPC qui a vu, samedi, la province de Canterbury l’emporter sur l’équipe de Tasman. Rien de mieux pour ne pas avoir à trop réfléchir au retour.

Dans l’A380 qui les emporte vers Dubaï (où ils seront 17h30 plus tard !), ils survolent en quelques heures les routes qu’ils ont mis plusieurs semaines à parcourir en Australie. Sur la carte virtuelle de leur petit écran personnel, ils voient défiler des noms qui leurs sont devenus familiers, Sydney, Brisbane, Alice Spring, Broome... Dix-sept heures dans un avion c’est long. Mais le plus dur, c’est que l’entièreté du trajet se fait de nuit, soit 17 heures sans voir une seule fois la lueur du soleil !


Assise côté hublot, Jennifer non plus ne parvient pas à s’endormir, ça ne sert à rien de regarder par le fenêtre, depuis le décollage c’est le noir complet. Du coup, elle cogite. “Est ce que je suis plus triste de partir que contente de rentrer ? Quel est mon meilleur souvenir ? L’endroit que j’ai préféré ?” Difficile de répondre. Quand on voyage un an, les aventures s’enchaînent mais sont tellement différentes ! Impossible de comparer les périodes de travail et celles de tourisme.

Par exemple, rester trois semaines à cueillir des tomates à Bundaberg n’a rien de mirobolant, pourtant ce séjour passé au milieu des kangourous se classe tout en haut, tout près d’Uluru ou de Kings Canion. “Et puis la Nouvelle Zélande, c’était pas mal non plus, même s’il pleuvait au début, on a fait des choses incroyables. Peut être que je devrais faire deux classements, un pour l’Australie, l’autre pour la Nouvelle Zélande !”

Leur dernière semaine au pays du long nuage blanc leur a permis de clore en beauté cette année passée la tête en bas. Après une escapade vers l’extrême nord du pays et la Bay of Islande, Jennifer et Vincent se sont dirigés vers la péninsule du Coromandel et sa plage d’eau chaude.

Située sur le point d’échauffement de deux plaques telluriques, la Nouvelle Zélande connaît des phénomènes géothermiques impressionnants. A Hot Water Beach, ce n’est pas l’eau de mer qui est chaude. Pour tout dire l’océan est plutôt froid (en tout cas bien trop pour que Jenny ou Vincent se risque à y piquer une tête). Mais quand la marée baisse, la mer libère sous le sable des poches d’eau brûlante. En creusant un peu, une eau à 60 degrés remonte à la surface. Les touristes se regroupent donc dans de petits trous de sable, juste au-dessus des poches, pour s’offrir un jacuzzi naturel.


Les vagues viennent de temps à autre rafraîchir la température de l’eau, la rendant ainsi supportable. Les sources d’eau chaude ne sont pas rares dans ce pays et, en la matière, la ville de Roturoa, construite au milieu du cratère d’un volcan, offre un spectacle incroyable. La fumée s’échappe du sol dans les rues. Toutes les habitations semblent équipées de leur propre « hot water pool ». Dans un parc, des barrières entourent des trous de boue en ébullition ! Inenvisageable de se baigner ici tant la chaleur qui se dégage est élevée ! Après le séjour au milieu des volcans et avant de retourner à Auckland pour y rendre la voiture et attendre leur avion, Jennifer et Vincent font un détour par la Comté et Hobbitbourg. Fierté nationale, les films du Seigneur des Anneaux et la trilogie sur le Hobbit attirent plus d’un curieux. Il est presque impossible de visiter le pays sans tomber sur un lieu de tournage.



Chose surprenante, la route qui sépare la Comté du Mordor est, en fait, très courte. Difficile de comprendre comment Frodon et Sam ont pu mettre près de 6 mois à se débarrasser de ce fichu anneau quand seulement quelques kilomètres les séparaient de leur objectif !

Quoi qu’il en soit, conscients du potentiel économique qu’ils pouvaient en tirer, les propriétaires de la ferme où ont été tournées les scènes au pays des Hobbits ont demandé de garder les décors de «Bilbo le Hobbit». Car après le tournage des premiers films, les maisonnettes avaient été entièrement détruites pour remettre la ferme en l’état. Mais il faut croire que ramener des cars de touristes chez soi rapporte plus que de laisser brouter des moutons ! Pour une matinée donc, Jennifer et Vincent peuvent se prendre pour des Hobbits en allant même jusqu’à boire la bière des semis hommes dans la taverne du dragon vert ! En ouvrant la canette d’heineken que vient de lui tendre l’hôtesse de l’air, Vincent se dit que la bière des Hobbits avait tout de même bien meilleur goût !



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