top of page

IL EXISTE UN PAYS OU LES OISEAUX SE PRENNENT POUR DES SINGES


« Have you got your LEDs ? » Vincent se réveille brusquement tout en sueur. Encore ces foutues diodes, bordel ! Ça fait trois jours qu’il n’en a plus vendus. Trois jours c’est long ! À côté de lui, Jennifer aussi à du mal à dormir. La horde de moustiques, attendants patiemment qu’un des deux s’endorme pour aller gouter son sang, n’y est sans doute pas étrangère. Tout comme les quelques araignées paisibles décorant le mur. Impossible d’allumer la lumière pour vérifier si elles ne tentent pas de prendre d’assaut le lit, sous peine de se faire attaquer par des centaines d’insectes. Pas facile la vie à la campagne. Surtout quand la campagne est australienne. Leur chambre est au bout de la véranda sans connexion directe avec la maison. Quand il fait chaud, comme cette nuit, il y fait très chaud. Et inversement quand il fait froid la laine de mouton qui protège le matelas ne réchauffe aucunement.



Maintenant, ce sont les bruits sur le toit ! Vraiment impossible de dormir. Ils sont seuls dans cette maison et pourtant quelqu’un marche au-dessus de leur tête. Ils peuvent l’entendre. Non, ce n’est pas un oiseau comme ils ont pu le croire. Par chance l’inconnu ne tentera pas d’entrer dans la chambre. C’est donc fatigué mais miraculeusement vivant qu’ils pourront voir le soleil se lever le lendemain matin. Au petit déjeuner, Shem fait son apparition, 24h qu’il avait disparu. Grand dadet d’un mètre 80, la peau abimée par les piqûres de moustiques et sans doute par une consommation excessive de drogue et d’alcool. Le coeur brisé par un chagrin d’amour, l’histoire ne dit pas si sa maigreur extrême est due à sa perte d’appétit récente ou si elle est liée à un mal plus profond. Il était parti la veille au matin jurant de revenir avant l’après midi. L’après midi est passé, puis le soir, puis la nuit. Shem n’est jamais revenu avant ce matin. Jennifer, qui dans un premier temps l’avait cru mort, écrabouillé avec sa moto sur une autoroute, lui raconte l’histoire de l’inconnu du toit. Non, ce n’est pas un homme, répond Shem. Ce sont les opossums. Le plus dur dans cette histoire, ce n’est pas tant d’avoir eu peur des opossums. Non. C’est d’avoir dit à Shem que si il y avait des opossums, il fallait faire attention car il doit surement y avoir aussi des dropbears. Les dropbears sont connus de tous ici. Ils se jettent sur votre visage si vous regardez en l’air en marchant en forêt. Le problème c’est que les dropbears, ils n’existent pas. Juste une histoire pour effrayer les enfants. Une histoire que leur a racontée l’oncle de Jennifer et à laquelle ils ont cru dure comme fer jusqu’à ce que Shem ne leur dise la vérité.


L’humiliation passée il faut retourner travailler. Ils coupent du bois, ils font des trous dans le sol, ils peignent le bois. Enfin ils peignent… Ça c’était avant que Calamity Jen ne renverse l’intégralité du pot de peinture… encore plein. Par chance, Russel est quelqu’un de sympa. C’est même lui qui a trouvé ce nouveau surnom à Jennifer. Il ne leur fera pas payer. Il les laisse même profiter, non seulement de sa véranda, mais aussi de son frigo et de son garde mangé. En échange, Vincent et Jennifer l’aide à poser des barrières pour empêcher ses chèvres de manger ses légumes. Pour ce faire pardonner sa maladresse Jennifer est de corvée de mauvaises herbes dans le potager. La tête dans les plants de tomates, elle pense aux familles arrivées en 1788 qui se sont retrouvées confronté au sol sec et peu productif Australien. Leur potager n’est pas très adapté non plus à la production de laitue et de tomates, mais Russ a une idée! Il va travailler la terre à l’aide de l’immense composte qu’il a installé au fond du jardin: « in 3 years when you come back it’ll be beautiful and I’ll have so many vegetables that I’ll have to sell them at the local market ».


Leur escale chez Russel dure sept jours. Sept jours loin de la ville, loin des centres commerciaux. Sept jours à couper du bois et à creuser la terre. Sept jours à apprécier le temps différemment au côté de Russel et de ses enfants, Ingo et Pema. Après avoir travaillé pendant trois semaines dans des centres commerciaux, prendre le temps d’entendre les oiseaux est surprenant. Tellement surprenant que parfois, on s’égare. On s’interroge. « Y a-t-il des singes en Australie » se demande même Jennifer en pensant à ses amies perchées sur leurs Cabanas au Mexique, alors qu’elle entend crier comme dans la jungle sud-américaine.

Au retour c’est Jennifer qui conduit. Elle commence à être à l’aise avec la conduite à droite. Elle n’a quasiment plus d’appréhension, surtout quand se présentent des ronds points. Elle rentre dedans assez sûre d’elle. C’est dommage ! Avec un peu plus d’appréhension ils auraient peut-être pu éviter l’accident. Il faut dire que c’est un sacré concours de circonstances. Cette moto qui ralentit, et cette voiture arrêtée qui cachait la camionnette. Jennifer qui s’engage. Mais malheureusement Derek, lui il était pressé. Et même si il l’avait la voiture grise de Jenny, il était sûr pourtant que ça passait.. Il avait presque vu juste. Mais son son feu arrière a touché le devant de la voiture de Jennifer. Pas de chance ! À 5 cm prés tout se passait sans problème… À 5cm prés ils auraient évité un deuxième accident et Derek aurait pu continuer sa route comme si de rien n’était !


Si vous voulez gouter à de la bonne nourriture bio et locale rendez vous au Café de Russ


bottom of page