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"NOUS, ON AIME TRAVAILLER DANS LE FUN"

  • Photo du rédacteur: Jennifer Buckle
    Jennifer Buckle
  • 14 févr. 2016
  • 4 min de lecture


“Ce qui est important pour nous c’est que les gens travaillent dans le fun.” Ce discours que l’on pourrait croire tout droit sorti de la bouche de David Brent, le patron sympa (mais un peu stupide) de la série anglaise The Office est, en fait, celui de Luc. Luc est un jeune recruteur de la compagnie Smart. Cet après-midi, son objectif est de choisir qui sera sélectionné pour mener la campagne de Simply Energie. Jennifer et Vincent postulent. Il faut dire que le porte-à-porte, ils connaissent. Les longues soirées à arpenter les couloirs des cités universitaires ne sont pas très loin. Dans une salle sur-climatisée d’un hôtel de Luxe au nord d’Adelaide, ils sont une vingtaine à assister au show qu’organise Luc. “Comme on est des gens cool, on s’intéresse à ce qu’il y a de vraiment important dans la vie. Donc vous vous présentez et vous nous dites quelle est votre parfum de glace préféré. Car, ça, c’est important.” Présentation, mais aussi simulation de porte-à-porte, tout est bien rodé pour choisir qui seront les heureux élus. Une sélection qui s’étale sur deux jours. Dans la salle, cette fois, pas de backpacker mais quasiment que des Australiens de tous les âges, attirés par le salaire convenable. Dans un pays où la protection sociale semble uniquement déterminée par son salaire mieux vaut enchaîner plusieurs petits boulots, car en cas de problème on ne peut réellement compter que sur son compte en banque. C’est pas faute de donner leur maximum lors des essais, mais Vincent et Jenny n’ont aucune chance. Luc veut de la stabilité. Luc veut du local. Des gens dont il est sûr qu’ils ne partiront pas une fois gagné suffisamment d’argent en poche. Et, comme il fallait s’y attendre, Luc ne rappela ni Jennifer ni Vincent.


Ainsi va la vie de Backpacker. Entre les voyages et les Road Trip, il faut de l’argent. Et, pour ça, du travail. Il faut dire qu’ils ne sont pas forcément bien tombés à Adélaïde. Une semaine à déposer leur CV dans tous les cafés et bars de la ville et des alentours. Une semaine à répondre à toutes les annonces sur Gumtree. Une semaine sans résultat pour l’instant. Adélaïde est une ville connue pour deux choses : ses festivals et ses vendanges. Si la saison des festivals a commencé par le lancement du Fringe le vendredi 12 février, celle des vendanges est un peu en retard. Résultat : beaucoup de gens pour visiter la ville, beaucoup de gens pour chercher du travail, mais des postes pas encore disponibles.

Arrivés à Adelaïde dimanche 7 février, sans savoir où dormir, Vincent et Jennifer ont finalement été hébergés chez Puj, dans son shed à l’arrière du jardin. Puj est Philippin. Il aime accueillir gratuitement des voyageurs chez lui. En ce moment, il accueille déjà Ben, un ami autrichien en stage à l’hôpital d’Adélaïde. Puj est marié à Irish, ils sont tous deux arrivés en Australie, il y a une dizaine d’années. La porte de leur maison est toujours ouverte aux voisins, aux amis. Le riz est toujours prêts au cas où quelqu’un viendrait sans prévenir. Leur fils aîné va à l’école du quartier, mais la cadette n’a pas encore l’âge. Comme la crèche est très chère et qu’ils n’ont pas les moyens de payer les 2500$ mensuels, ils ont dû s’organiser. Pendant un an, la maman d'Irish est venue de Philippine pour s’en occuper. Après ce sera au tour du papa de Puj de venir. Puj a lu le message de détresse envoyé par Jennifer et Vincent sur le site Couchsurfing. Alors que toute la presse racontait l’histoire de ses deux jeunes backpakeuses attaquées au couteau quand qu’elles campaient dans le south Australie, Puj s’est rapidement proposée pour les héberger. Faut-il voir un lien entre ce crime morbide et cet élan de générosité protectrice, allez savoir ! Quoi qu’il en soit, la maison de Puj est désormais là leur. Pas pour longtemps, juste le temps de trouver logement et travail. Si pour trouver un toit, les choses furent plutôt simples, le boulot, c’est autre chose. L’avantage quand on voyage, c’est que rien ne vous retient nulle part. Et que si vous mettez trop de temps à trouver du travail dans une ville, rien ne vous oblige à y rester et, à tout moment, vous pouvez aller chercher ailleurs.


En attendant, il faut profiter de ce que la vie à Adélaïde propose de gratuit. Si les transports en commun coûtent une fortune et si la plupart des festivités prévues dans le cadre du Fringe sont payantes, il existe encore le moyen de se divertir pour pas grand-chose. Ce fût notamment le cas lors de la parade inaugurale sur North Terrasse, qui donna le coup d’envoi officiel du festival. Tous les artisans et partenaires du fringe défilent dans une ambiance festive et populaire sous le chaud soleil de février. Les chars défilent les uns derrière les autres, sur les bas-côtés les food trucks s’entassent pour vendre burgers et autres sandwichs. Les familles se pressent pour assister à cet événement annuel qui mêle touristes et habitants. Une fois la nuit tombée, la parade terminée, tout ce petit monde se dispersent dans les rues. Si Adélaïde n’est pas la plus belle ville du monde, loin s’en faut, son atmosphère festive et chaleureuse la rend très sympathique. Les soirées sont animées (en tout cas bien plus qu’elles pouvaient l’être en Tasmanie). Adélaïde est une ville de festival, mais comme toutes les capitales d’État, elle a aussi son équipe de cricket. Et ce WE se disputait le 7e round du Sheffield Shield. Compétition opposant les 6 États de l’Australie. Dans un stade désert, Vincent et Jennifer ont assisté à la première manche du match opposant les Redbacks du south Australie au Victoria. L’entrée est gratuite, il faut dire que le match dure quatre jours… On vient au stade pour voir la rencontre, mais aussi pour profiter de l’ambiance atypique. On lit le journal, certains ramènent leur livre. On sort du stade et on revient. Le cricket est un sport singulier, pas évident de comprendre toute la subtilité des règles. Alors, Vincent et Jennifer applaudissent quand les gens autour d’eux applaudissent. S’esclaffent quand les gens autour d’eux s’esclaffent. Le seul problème, c’est qu’il leur faudra désormais attendre 4 jours pour savoir laquelle des deux équipes a remporté le match auquel ils ont assisté.



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