"LES ALÉAS DE LA CONDUITE À GAUCHE - ÉPISODE 2. "
- Vincent Bordenave
- 23 févr. 2016
- 3 min de lecture

Ça n’a l’air de rien mais conduire à gauche est loin d’être évident. Alors, oui c’était facile de rire quand Vincent et Jennifer ont eu leurs accidents, mais quand on est sur place on se rend compte que ce n’est vraiment pas naturel. Entre les trottoirs, les ronds points et les changements de voies... les repères sont vite chamboulés. Et au bout d’une semaine
le pneu gauche de la Toyota Yarris que louaient Yves et Veronique en a eu assez. A peine avaient-ils quitté Adélaïde qu’il a explosé. Yves et Veronique, ce sont les parents de Vincent. Ils viennent lui rendre visite à l’autre bout du monde. L’occasion de visiter Adélaïde et ses alentours. Si la conduite n’est pas de tout repos, Jennifer et Vincent ont le sentiment agréable de retomber en enfance. Avant de commencer à travailler, ils profitent d’une dernière semaine de vacance. Une semaine à manger des glaces au citron trop froides, à marcher au milieu des kangourous, à se baigner dans l’océan et à se laisser porter par la toyota.
Quand on part loin et longtemps, voir sa famille est important. Ça ne fait même pas quatre mois que Jennifer et Vincent ont embarqué pour Tokyo, direction l’Australie. Et en quatre mois ils ont eu l’occasion de ressentir à de nombreuses reprises le mal du pays. Que ce soit surpris par la pluie à tenter de cuisiner des pâtes avec un réchaud bas de gamme, ou attaqués par une horde de cafards alors qu’ils essaient de dormir sur un terrain de cricket désert, ou bien encore lorsqu'ils cherchent désespérément un endroit encore ouvert pour manger après 20h30.
C’est un sentiment particulier qui est le leur à la fin de cette semaine. Peut être une des semaines les plus riches depuis le début de leur séjour. Pendant que l’équipe du Victoria n’a pas eu besoin d’attendre la fin du quatrième jour pour remporter son match du cricket contre le south australia, Jennifer et Vincent profitent.
Drôle de ville qu’ Adélaïde tout de même. Pas assez animée les lundi, mardi et mercredi au goût d’Yves et de Véronique. Mais trop de monde et de bruit dans les rues à partir du jeudi soir. Difficile de se sentir à l’aise et pourtant. C’est au milieu de cette foule qu’ils découvrent un restaurant italien très bruyant mais dont les plats de pâtes sont une invitation au retour.
Après une rapide visite du centre-ville, ils sont partis profiter des paysages alentour. Une virée en voiture sur la route des vins dans la Barossa Valley, une visite sur la péninsule de Yorke. Pas d’excursion dans le désert, mais de nombreuses heures passées à découvrir les plages. Découvrir de nouveaux endroits est toujours excitant, mais le faire accompagné de sa famille est encore plus envoûtant. C’est ainsi qu’après une balade sur les pentes ardues du Mt Lofty à la cascade Gully la découverte d’un petit restaurant typique, fréquenté exclusivement par des groupes féminins, est plus étonnante, enchantante, que jamais. Ce restaurant rendra d’ailleurs la montée du retour bien plus supportable. Même passer du temps allongé sur une serviette sur la plage devient presque agréable aux yeux de Vincent. Lui, qui habituellement ne trouve aucun intérêt aux bords de mers qui laissent trop de souvenirs dans les maillots et dans les chaussures.

Recevoir sa famille c’est surtout se laisser aller et ne se soucier de rien si ce n’est admirer les paysages divers que nous offre l’Australie méridionale. Assis à coté de son père, Vincent se dit que sa conduite est peut-être “mal à gauche”, mais qu’il sait bien mieux garder son self contrôle que Jenny. Perdu dans ses pensées, il tente de distinguer les falaises, confond lama, Alpagua et mouton et se dit que c’est agréable de ne pas avoir à s’inquiéter du lendemain.
Alors qu’il monte dans leur voiture pour partir au secours de ses parents coincés aux abords de l’autoroute, Vincent, tout en reniflant, se rend compte que le mal du pays est toujours là. Jennifer et lui se remémorent les bons moments de cette semaine. C’est non seulement agréable de passer une semaine, sans avoir à compter et recompter ses sous, à faire attention à la moindre dépense. Mais c’est surtout agréable de partager cette expérience avec les gens que l’on aime. Et inévitablement on est triste quand ils s’en vont. C’est agréable de partir, mais chaque départ est une petite déchirure. Partir un an c’est long. En un an, on rate tous les évènements qu’on a l’habitude de partager avec ses proches. Les anniversaires, les matchs du tournoi des 6 nations, les phases finales du top 14, les discussions socratiques autour des sujets politiques. Tous ces moments importants on les vivra loin.
Les trois chauffeurs de bus sous la Toyota rouge aidant un Yves au bord du malaise à changer sa roue est un spectacle qui aura pour don de faire sourire nos voyageurs et qui permettra à Vincent d’embrasser une dernière fois ses parents - avant son retour en novembre.

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