top of page

" JENNIFER ET LES SPORTS À TERRAIN OVAL"



Derniers jours à Adélaïde. Les vendanges sont finies. Cette semaine, Jennifer et Vincent n’ont travaillé que 2 demi-journées. Pas de quoi rouler sur l’or. Et encore, ils sont

chanceux ! Posti les aime bien, sans quoi il ne leur aurait jamais demandé de venir jeudi matin pour bosser au black. Ils s’attendaient à ce que la semaine soit courte avec le WE de pâques et le “good friday” qui se profilaient. Mais bon, ils auraient aimé travailler un peu plus. Au moins faire des journées entières. Parce que se lever à 5 heures pour bosser 1h30 dans les vignes, c’est un peu frustrant. Au moins les après-midi sont libres pour préparer le grand voyage vers Perth. La distance d’un Paris Moscou, mais en passant pas le désert ! Une paille ! Tout doit donc être bien préparé. Aucun garage ni personne n’étant intéressé par une Holden Viva au capo et à l’arrière abîmés, Jennifer et Vincent vont donc garder leur voiture et faire impérativement réparer la climatisation ! Et pour ça, les jours sont comptés car si il y a bien une chose avec laquelle on ne rigole pas ici, c’est le Easter WE. Tout est fermé pendant quatre jours. A la télévision, toute la semaine, des réclames sont passées en boucle pour rappeler qu’en quatre jours, Jésus a non seulement eu le temps de mourir mais aussi de ressusciter. Et tout ça, il y a presque 2 000 ans ! Ça vaut le coup de prendre quatre jours de congés pour s’en souvenir et y réfléchir ! Fort heureusement, ce WE pascal est aussi l’occasion pour nos héros de se souvenir que l’Australie est une terre conquise par les Anglais. Et si ils ont méticuleusement pris soin, non seulement d’exterminer mais aussi d’effacer (quasiment) toutes traces des peuples Aborigènes qui peuplaient le continent avant leur arrivée, les Anglais ont apporté avec eux ce qu’ils ont inventé de mieux, à savoir : les sports collectifs, notamment le cricket.

Leur dernier WE à Adélaïde, Jennifer et Vincent le passeront donc au stade ! D’abord à Glenelg pour assister au premier jour de la finale du Sheiffeld Sheild opposant l’Etat hôte du South Australia et le Victoria. Le lecteur assidu aura sans doute noté que cette affiche était déjà celle du match auquel nos héros ont assisté début février. Mais cette fois, pas de blague, c’est une finale. Dans le petit stade champêtre de Glenelg, la foule est en délire, les milliers de spectateurs applaudissent à tout rompre ! La star du début de jeu, J.B wearherald vient de sortir après avoir marqué 66 points en 24 overs. Jennifer n’a aucune idée de ce que cela veut dire. Dans les tribunes, des gens de tous horizons. Sur les estrades, des Blancs plus très jeunes boivent leurs cafés en dégustant les cakes vendus au petit kiosque du stade. Sur l'herbe, les familles ont sorti les nappes de pique-nique. Un petit garçon a même amené l’ensemble de sa collection de petites voitures. Ce n'est sans doute pas que le cricket ne l'intéresse pas, mais on ne peut pas définir ce sport par son rythme de jeu et lorsqu'il ne se passe rien (c’est-à-dire souvent) il faut pouvoir s'occuper. En petite-fille et fille d’Anglais, Jennifer est médusée. Elle s'attendait à saisir instinctivement les règles du jeu. Et pourtant... Si elle constate assez rapidement que le

match est particulièrement rythmé elle n'en comprend pas le moins du monde les règles. Elle essaie, mais se perd dans ses pensées : “L’homme à la casquette noire lance la balle, elle est – généralement - frappée par l'homme à la casquette rouge qui, s'il est chanceux, sort la balle. Et c’est à ce moment que la foule se lève comme un seul homme et applaudit ignorant complètement ceux qui, en casquette noire, sont occupés à rattraper la balle afin de la renvoyer au lanceur pour que le jeu reprenne. Si le jeu est lent, c'est donc aussi une histoire de chapeau, constate-t-elle. A chaque action son chapeau ! Et il ne faut pas se tromper en mettant le chapeau rond au lieu de la casquette. Évidemment choisir le chapeau adéquat demande du temps et les joueurs n’ont aucun complexe à en prendre.

"Qu’ils sont British quand même ces Aussies avec leur cardigan en laine sous un soleil de plomb et leur joli pantalon blanc à pinces." Habillés comme au XIXe siècle, ils se donnent un petit air distingué qui nous laisse la curieuse impression d'assister à une rencontre étudiante opposant Harvard à Cambridge. Après la première journée, Jennifer n’est guère plus éclairée. Mais bon qu’à cela ne tienne, le match dure encore quatre jours, demain c’est donc un match de football australien qu’ils iront voir. Le terrain est toujours ovale mais le sport n’est pas tout à fait le même.



"Si vous trouvez une place au-dessus du rang W, elle est pour vous mais faites vite si vous voulez être à côté l'un de l'autre , une heure d’avance ce n'est pas assez ." Après 4 mois en Australie, il est grandement temps de découvrir ce sport national. Ce n'est ni du foot ni du rugby mais plutôt à un mélange très violent des deux. Mais pour Vincent, ce sport ne ressemble à rien. Il n'a en commun avec le rugby que la balle et le “mark” (arrêt de volé) hérités des premières règles des parties de football qui se disputaient dans les écoles anglaises quand William Webb Ellis a décidé de courir balle en main. À première vue, on pourrait se croire dans un stade de quiddich. Le terrain est immense ! Deux fois la taille d’un terrain de rugby. Il n'y a pas une mais trois zones de but, il ne manque que les balais ! On s’attendrait à voir débarquer Voldemort en personne. Le stade est entièrement bleu et blanc, les couleurs de l'équipe de port Adélaïde qui rencontre St Kilda. A 30 minutes du coup d'envoi, silence dans le stade, tous les yeux sont rivés sur l'écran qui retransmet en direct le discours de motivation de Ken Hinkley, entraîneur de l'équipe hôte. "bouh... Go back home..." Sous les yeux d’une Jennifer choquée car éduquée dans le mythe du fairplay anglais et sous les huées des supporteurs adverses, l'équipe de St Kilda fait sont entrée. La politesse légendaire des Australiens a été laissée au vestiaire et il faut avoir un sacré sang-froid pour se déplacer à l’extérieur. L’ambiance n’a pas grand-chose à voir avec les matchs de Top 14 du vendredi soir. Pour situer le niveau, imaginez un match

en plein été dans un stade Mayol de plus de 50 000 places. Ça y est, ça commence. Tous les coups sont permis ! Alors que port Adélaïde sort la balle, un joueur de St-Kilda frappe dans les côtes un joueur à terre de l’équipe adverse. Il se relève et grâce à une clé de bras bien maîtrisée met le premier joueur au sol, tonnerre d'applaudissements dans l'assistance! L'arbitre ne dira rien car ici tout est permis. A voir la violence des coups échangés, Jennifer se demande bien à quoi servent les 7 arbitres présents sur le terrain ! Coups de pieds, coups de poings dans les côtes et surtout dans la balle. Jenny a du mal à comprendre les règles d’un sport aussi brouillon et peu cadré. A sa grande surprise, l'arbitre siffle une faute à la 21e minute. Pourquoi ? Impossible de se l’expliquer. Car à aucun moment il ne lui a semblé voir de la part d'un des joueurs une action plus agressive ou irrégulière qu'avant, juste un petit plaquage comme souvent en rugby.

Le stade sent bon les frites. Jennifer et Vincent ont finalement réussi à trouver des places côte à côte, entourés de casquettes bleues qui absorbent goulûment patates et bières. Au bout de 32 minutes, c’est la fin du premier quart temps. Encore une fois l'occasion pour les deux équipes de se retrouver au milieu du terrain et de gaiement s'échanger coups de poing et manivelles. D’un point de vue strictement sportif, et de ce qu’ont pu comprendre nos héros, les visiteurs semblaient bien maîtriser la rencontre pendant les 3 premiers quarts temps, avant de s’écrouler totalement dans le dernier. Sous une pression monstre des joueurs hôtes, la défense de St-Kylda a fini par craquer en encaissant près de 40 points en 30 minutes. Trois heures après leur arrivée dans le stade, le match se termine enfin. Avant le retour aux vestiaires, il est temps pour les deux équipes de se dire au revoir. Jennifer est un peu anxieuse et se demande si une bagarre générale ne va pas célébrer la fin de la rencontre. Plus de peur que de mal, les coups ont laissé la place à des accolades plus amicales.

Si à la fin du week-end, Jenny n’est guère plus éclairée sur les sports en terrain ovale, il y a bien une chose qu’elle a saisie : dans ce pays on aime les matchs qui durent ! Quatre fois 30 minutes pour une rencontre de footy, cinq jours pour un match de cricket. Mais même si les Australiens se passionnent pour leurs sports nationaux, ça ne les empêche pas de quitter le stade avant le début du dernier quart temps – sans déconner, on ne peut pas dîner après 18 heures ! Enfin, il reste à Jennifer encore 3 jours avant la fin du match de cricket ! Largement le temps d’assimiler ses règles !




bottom of page