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ENFIN FAIRE KAKADU !



La télé est allumée sur une chaîne d’information continue. Dans un coin de la pièce, un feu brûle pour permettre aux voyageurs de se réchauffer après les températures négatives de la nuit. Même à l’autre bout du monde, même au milieu du désert, l’actualité vous rattrape. Alors qu’ils s’apprêtent à reprendre la route, Lise, Jennifer et Vincent avaient prévu de retourner au pub pour prendre leur petit déjeuner. Il faut dire que l’endroit est sympathique. La veille au soir, un concert a accompagné la soirée BBQ et tout ça à plus de 500 bornes de la ville la plus proche. Mais ce matin, à peine la porte d’entrée franchie, l’œil est immédiatement attiré par le petit écran suspendu. « Bastille day attack », 73 morts, plus de 100 blessés. Ça sonne comme un titre de mauvais film catastrophe. Il leur faut même plusieurs secondes pour réaliser que ce n’est pas une bande-annonce mais le journal télévisé. Le réveil est douloureux, mais la vie doit continuer. Le voyage est encore long, il reste plein de choses à découvrir. C’est compliqué quand on est aussi loin de savoir comment “bien” réagir. Mais il n’y a pas de “bonne” façon. Depuis leur arrivé en Océanie, il ne se passe pas un mois sans que Jenny et Vincent n’apprennent une mauvaise nouvelle. On ne peut pas dire qu’ils sont habitués, car on ne s’habitue pas à ça, mais peut-être fatigués... Fatigués mais convaincus que la pire des choses serait de s’arrêter de vivre et de donner raison à la terreur.


La semaine avait pourtant bien commencé. Après avoir failli passer la nuit à côté des crocodiles, ils s’étaient rabattus sur une road house offrant gratuitement camping, douche et piscine. Tout ça à seulement 90 bornes du Kakadu national Park (attention, il faut prononcer Ka Ka Doux !). L’occasion, pour eux, de profiter des nombreuses balades de ce parc, et des peintures aborigènes avec l’assurance de pouvoir se doucher le soir ! Le vrai luxe ! Heureux d’avoir, enfin, fait Kakadu, ils se dirigent vers le red centre. Si la voiture tient toujours, la météo n’est pas très clémente. Le ciel est couvert et menaçant. Heureusement, le mauvais temps ne dure pas. La route vers Alice Spring est longue, droite, monotone, mais les escales ne sont pas désagréables et c’est l’assurance de rejoindre le ciel bleu ! Après une rapide baignade dans les eaux froides des Edith Falls, les sources d’eau chaude de Katherine et de Mataranka sont une bénédiction. L’eau, naturellement chauffée par le sol, est à plus de 28 degrés. Les bassins serpentent dans la fôret offrant, en plus de la décontraction d’un bain chaud, une agréable balade. Les animaux vous observent. Kangourous, perroquets mais aussi araignées, serpents... Pour sa première semaine en Australie, Lise s’est rapidement aperçue qu’on ne rigolait d’ailleurs pas trop avec ces bestioles. D’abord une rencontre avec un serpent jaune et puis cette étrange piqûre a la main qui, une semaine après, garde encore une triste mine !


Si le soleil a rapidement fait son retour, les températures ont mis plus de temps à remonter, rendant les journées agréables mais les nuits, sous la tente, très froides. Trop pour Jennifer, qui, plus d’une fois, a été à deux doigts de reprendre la voiture pour retourner servir des bières à Broome. “Tant pis pour Uluru ! Mais en dessous de 25 degrés, je peux plus moi ! je suis plus habituée !”

À vrai dire, reprendre la route, dormir tous les soirs sous la tente et, pire que ça, devoir se faire à manger, assaillis par les mouches, avant que la nuit tombe n’est effectivement pas une perspective réjouissante. Heureusement pour eux, pour leur première soirée sur la route du sud, ils ne seront pas obligés de se faire cuire un paquet de pâtes à 90 cents avec un pot de pesto au même prix. Au milieu de nulle part, ils tombent, tout à fait par hasard, sur un pub à l’ambiance aussi chaleureuse que la température extérieure est froide. Une centaine de personnes y assistent à un concert de musique country australienne, en mangeant des Fish and Chips, du BBQ et en sirotant toutes sortes de bières, tout cela à 500 km de la ville la plus proche ! Lise est surprise. Il faut dire qu’on lui avait prédit l’enfer sur la route, tant en termes de confort que (et c’est bien plus grave !) en termes de nourriture.



Mais le Daily Water est une exception dans le désert australien.


Les autres soirées seront beaucoup moins agréables. Ce sera feu de bois obligatoire pour ne pas mourir congelés ; en alternant, pour le repas du soir, nouilles chinoise, pâtes et riz et cela après des journées passées dans la voiture, la route offrant très peu de distraction. Avant Alice Spring, les devils marble méritent tout de même un arrêt. Selon la légende, ces immenses crottes ou œufs auraient été déposés au bord de la route par LE serpent arc-en-ciel. Il s’agirait, en fait, de gros cailloux ayant subi l’érosion au point de prendre ces formes étrangement rondes.

À part ça, en dehors de villes fantômes et de quelques vieilles stations de télégraphe, les arrêts ne sont imposés que par les envies naturelles des uns et des autres. Fort heureusement, l’arrivé à Alice Spring, pourtant décrite comme une ville peu chaleureuse, est une agréable surprise. La matinée passée à flâner dans les allées du marché multiculturel est très reposante avant le départ vers de plus gros cailloux !




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