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GO SOUTH !




Il faut bien une première fois. Après plus de 9 mois passés en Australie, dont 7 à vadrouiller, Vincent et Jennifer se retrouvent dans l’obligation de payer une nuit de camping. Jusque-là, ils avaient toujours réussi à trouver une solution pour éviter d’avoir à dépenser de l’argent pour dormir sous leur tente ou dans leur voiture. Mais dans le Rain Forest, au nord de Cairns, pas moyen d’y couper. Parc national oblige, les alentours du Cap Tribulations sont particulièrement surveillés. Il est trop tard pour reprendre le bateau et traverser la rivière dans l’autre sens. Il leur faut donc payer 25 $ pour pouvoir dormir quelque part. Au-delà du prix pour une nuit de sommeil, mal leur en a pris de vouloir visiter ces contrées sauvages. Car si l’étrange fumée épaisse s’échappant du capot n’est qu’un mauvais souvenir, l’état des routes n’a pas fait du bien à leur voiture. Des petits cailloux, coincés sous leurs roues, accompagnent désormais chacun de leurs déplacements d’un bruit strident particulièrement désagréable.

La veille au soir, ils avaient passé leur dernière soirée à Cairns dans un petit pub de la ville. James y fêtait ses 50 ans. Avec fierté, il montrait à qui voulait bien lui parler les photos de son enfance. A l’image de ce pub, Cairns est une ville chaleureuse, le climat tropical y donne un air de vacances permanent. Mais Lise est partie depuis quatre jours maintenant et il leur faut quitter la ville et reprendre leurs anciennes habitudes.

Après les paysages époustouflants de la forêt tropicale et les plages de sable blanc du Cap Tribulation, Vincent et Jenny mettent à peine une journée pour rejoindre Townsville et parcourir le trajet qu’ils avaient mis quatre jours à faire. Après moult tergiversations, ils ont finalement décidé de partir vers le sud afin de rejoindre Antoine et Claire dans l’exploitation de tomates-cerises qui emploie ces derniers et, ainsi, se faire un peu d’argent avant de visiter Sydney, Brisbane et de s’envoler vers la Nouvelle-Zélande. S’ils avaient besoin qu’on le leur rappelle, la route qui longe la côte Est, achève de leur faire réaliser qu’ils ont bel et bien quitté l’Outback. Plus de Road Train pour les accompagner, plus de salut aux autres conducteurs sur la voie d’en face. Et à mesure qu’ils redescendent, le sourire de la Lune se redresse doucement, de barque elle redevient croissant. Les touristes sont plus nombreux, les plages moins désertes. Les backpakers sont toujours là, à chercher de quoi gagner quelques dollars en cueillant des bananes ou n’importe quel autre fruit exotique.

Un soir, alors qu’ils descendent vers Airly Beach, porte d’entrée des Whitsunday Islande, après avoir passé un après-midi à profiter des eaux encore chaudes du nord Queensland à Bowen, ils atterrissent dans un repaire de hippies pour passer la nuit. En échange d’une « donation » de 5 $, ils peuvent profiter de la douche et des cuisines. En une semaine, ils auront donc payé deux fois pour dormir dans leur voiture. Ici, les gens semblent comme échoués, certains y attendent un travail, d’autres donnent l’impression d’avoir trouvé un îlot suffisamment confortable pour y rester une durée indéterminée, d’autres ne sont là que pour une soirée. Un jeune homme, habillé en loques et dont le fort accent français trahi rapidement la nationalité, se présente comme un des chefs. « Vous savez comment cet endroit fonctionne. Je vous conseille de ne pas rater le repas en tout cas ! » La nuit tombée, ce petit monde se réunit autour du feu, les anciens souhaitent la bienvenue aux nouveaux et essaient de les convaincre de rester un jour de plus afin d’assister à la rev party qu’ils organisent le lendemain. Pas très emballés, Jennifer et Vincent reprennent la route. L’escale à Airly Beach est rapide. Le prix pour rejoindre les Whitsundays Islande est exorbitant – tout cela pour prendre un bateau en compagnie d’une bonne centaine de touristes et passer une heure sur une plage – et hors budget pour Vincent et Jennifer. Qu’à cela ne tienne, la côte Est a d’autres secrets à révéler, d’autres îles à explorer. En attendant, ils se rabattent sur l’intérieur des terres et, après une interminable route dans la montagne sur des routes sinueuses, arrivent à la tombée du jour près d’une rivière peuplée d’ornithorynques. Deux semaines après en avoir vu pour la première fois en liberté, ils ont l’occasion de voir à nouveau ces drôles de bestioles !

Après deux jours à profiter des côtes de Yeppon et de son Summer festival ainsi que des plages d’Agnes Water et 1770 (il s’agit bien ici du nom d’une ville), ils finissent par arriver dans la ferme où travaillent Claire et Antoine. L’accueil y est chaleureux. Antoine et Claire les attendent autour du feu avec Kevin, leur patron et hôte qui partage avec eux plusieurs bouteilles de rhum. Un groupe de kangourous, non loin de là, semble lui aussi être venu les accueillir. Une atmosphère chaleureuse qui ferait presque oublier à Jennifer et Vincent que, dès le lendemain, il faudra se lever à 5h30 pour ramasser des tomates.


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