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L’OR EN PLOMB


Sous ses fesses, le matelas n’en finit pas de se dégonfler. Allongé dans la voiture, Vincent se demande dans combien de temps il dormira directement sur l’armature des fauteuils inclinés... C’est le quatrième matelas qui les lâche depuis qu’ils ont quitté Melbourne. Mais l’avantage de la côte est, c’est qu’ils n’ont pas à s’inquiéter pour en trouver un autre dès le lendemain. L’aventure n’a plus rien à voir avec celle qu’ils ont vécue dans le désert. Le soir, quand ils arrivent dans une “rest Area” il n’y a pas de vastes espaces pour planter la tente, mais juste des marques blanches au sol qui délimitent l’emplacement des caravanes et voitures. Le matin, au réveil, la voiture n’est plus entourée de kangourous ou d’oiseaux, mais d’Australiens qu’une envie pressante ou le besoin de café aura arrêtés sur le bord de la highway.

Après une escale à Brisbane, les voilà donc repartis sur la route, direction Sydney. Et, désormais, ils voyagent avec le seul but de voyager. Plus besoin de s’arrêter pour chercher un travail ou un logement. Le dernier mois qu’ils passeront en Australie, ils le passeront comme de vrais touristes.

Et c’est un sacré choc d’arriver d’abord à Brisbane. C’est même étrange de visiter une CBD sans avoir à déposer son CV dans tous les cafés et bars du coin. D’autant que ça faisaient longtemps qu’ils n’avaient pas vu une ville dont le centre ne se visite pas en moins de 10 minutes. L’acclimatation est rude et il faut réapprendre à traverser quand le bonhomme est vert et que le son strident prévient que la voie est libre. Longer la Brisbane River pour se perdre et finir par craquer en commandant une bière IPA dans un des nombreux bars « bobo» de la ville.



Mais plus que dans les villes, la vraie différence se fait sentir sur la route. Si les longues journées de voiture sont encore bien présentes dans leur esprit, Jennifer et Vincent ne dépassent plus les 300 km par jour, néanmoins ils n’ont pas diminué le temps passé au volant. C’est désormais dans les bouchons qu’ils passent du temps. Et quand Jennifer ne conduit pas, les paysages ne suffisent plus à calmer son stress et elle doit se plonger dans l’étude de ses futures visites. Sydney l’attend à la fin de la semaine, la Nouvelle- Zélande à la fin du mois... Ces perspectives valent bien de s’énerver un peu contre les chauffards qui partagent la chaussée avec elle.



Pour tromper l’ennui, Vincent énumère les bons points et les mauvais point de la côte est. “Les supermarchés sont plus nombreux qu’a l’ouest, c’est plus pratique pour faire les courses. On pourrait même manger de la viande ou du poisson tous les jours. On capte la radio sur toutes les routes, ce qui change de la musique de nos iPhones et permet d’être un peu connectés avec l’actualité. Les parcs nationaux sont tous gratuits, mais beaucoup moins impressionnants. Les trajets sont moins longs, mais in fine plus chiants. Quand on s’arrête dans une ville, c’est quasiment impossible de se garer sans payer, et tout semble fait pour faire dépenser de l’argent. Et, ironie du sort, le moment où la première députée aborigène de l’histoire fait son discours d’investiture à l’Assemblée correspond au moment où nous retournons dans des lieux où ils ne vivent quasiment plus. Y a pas à dire, je crois que l’Ouest remporte le match haut la main ! Et la golden coast a des faux airs de plomb à côté...”


Les hauts plateaux du nord de Sydney permettent d’oublier quelque peu la frénésie de la côte. Si le printemps semble y être plus en retard, revoir des kangourous avant de s’endormir et camper loin des aires d’autoroutes fait du bien à nos deux voyageurs. Avant d’arriver à Sydney, une halte s’impose à Nelson Bay et Newcastle. Si la première est une station balnéaire comme la côte est semble en compter des centaines, Newcastle est beaucoup plus intéressante. Deuxième ville de l’Etat, la cité semble grandir dans l’ombre de Sydney en gardant son identité. Les immenses cargos du port de commerce lui donnent un charme particulier.

Dans le centre-ville balayé par les vents, une piscine d’eau douce près de l’Océan déchaîné accueille gratuitement les visiteurs. Mais malgré ces quelques moments privilégiés, chaque journée qui passe les éloigne encore plus de l’outback et rappelle que la fin du voyage est pour bientôt. Dans moins d’un mois, ils auront quitté l’Australie et avant ça, en plus de jouer les touristes, il leur faudra à tout prix revendre leur voiture, sans quoi le mois passé en Nouvelle-Zélande ne sera pas aussi agréable qu’espéré !


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