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“THE BUCKLE IS BUCKLED UP”


Plus de 30 000 km parcourus, 4 000 dollars dépensés en essence pour 268 jours de road- trip. 268 jours dont 95 nuits passées sous la tente et 26 à dormir serrés dans le coffre de la voiture. Ça y est, tout ça, c’est terminé ! La boucle est bouclée. Les gratte-ciel de Melbourne se dressent une nouvelle fois devant eux. Derrière la ville, le soleil couchant donne une teinte rose violacée à un ciel qu’ils connaissent maintenant par cœur. Etrange sentiment que celui d’arriver à la fin d’un voyage. Assis sur la plage de St-Kilda, Jennifer et Vincent n’en sont pas encore à se remémorer leur périple désormais terminé. Car, pour eux, le retour à Melbourne c’est avant tout le début d’un ultime contre-la-montre. Ils ont dix jours pour vendre leur Viva Holden Wagon.

Vendre une voiture, c’est enchaîner les faux espoirs. Les messages des personnes intéressées se succèdent mais ne débouchent que trop rarement sur une réelle prise de contact. Pour une demi-douzaine de personnes soi-disant intéressées, une seule verra la voiture, négociant le prix avant même de venir.

Dor est Israélien et lui, il a vu la voiture. En visa d’études, il a besoin d’un véhicule pour partir en week-end camper le long de la Great Ocean Road. Malheureusement, il n’est pas encore très à l’aise avec la conduite à gauche. Il se contentera donc du siège passager pour se faire un avis. La voiture roule bien, le moteur ne fait aucun bruit farfelu, le niveau d’huile semble parfait. Tout porte à croire que Dor serait plutôt ok pour acheter le bolide. D’autant, qu’en prime, Jenny et Vincent lui offrent tout leur matériel de camping ! Mais bon voilà, Dor a un souci, il ne le dit pas comme ça mais quelque chose le chiffonne. Sa femme et lui ne sont pas habitués aux manuelles ! C’est pas qu’ils ne savent pas les conduire... ça oui, ils savent passer les vitesses, pas de problème ! Ils préfèrent juste une automatique, c’est tout. Dommage pour Vincent et Jenny, tout est à recommencer. Coller des affiches dans les auberges de jeunesse, poster des annonces en ligne, attendre que quelqu’un se manifeste. Entamer des négociations qui n’aboutissent jamais. Tout ça est long et fatigant. Chaque jour qui passe et c’est des dollars en moins.


Heureusement, Melbourne et le Victoria offrent toujours un fabuleux décor qui permet, parfois, d’oublier les tracas liés au départ. Avant de rejoindre la ville, il leur a fallu rouler encore un peu. Deux derniers jours de road-trip pour profiter une fois encore de la côte victorienne. La route n’est pas dénuée d’intérêt. Les paysages sont en tout point différents de ceux auxquels Jenny et Vincent s’étaient habitués. Le sable rouge a laissé place à des collines verdoyantes arrosées régulièrement par les aléas d’une météo capricieuse.



Au bout de la côte se dresse le Wilsons Promotory Marine National Park. Une ultime occasion de profiter de la nature australienne. En quittant le pub dans lequel ils avaient élu domicile dimanche, une dernière balade sur le sable blanc des plages qui bordent la mer de Tasman s’impose. Comme un clin d’œil à cette année écoulée en terre australe, le chien de l’établissement décide même de passer la matinée avec eux. En onze mois, des chiens, ils en auront vus et eus ! Si l’Australie est réputée pour ces kangourous, koalas, ornithorynques et autres espèces exotiques c’est, en fait, et avant tout le pays des chiens. Preuve en est, à peine de retour sur Melbourne, c’est un chien qui les accueille à nouveau. A Chelsea, logés pendant 5 jours chez Sarah et Ela (son chien), ils n’ont pas de temps à perdre. Les derniers jours d’un si long voyage s’accompagnent d’un certain nombre de choses à faire...


Sans même parler de la voiture qu’il faut, bien entendu, nettoyer avant de pouvoir espérer la vendre et des papiers à remplir pour récupérer les derniers dollars que leur doit l’Etat australien. Heureusement, Sarah prend soin de ses hôtes, il n’est pas une journée sans qu’elle, ou son ami Nathan, ne leur propose de visiter, une fois le soleil couché, tel ou tel bar de la ville. Rien de mieux pour oublier, le temps d’une heure, les vicissitudes du quotidien. Nathan est le meilleur ami de Sarah. Il aime voyager. D’ailleurs, à la fin de la semaine, il doit prendre l’avion pour Hong Kong. A 27 ans, il se vante d’avoir visité plus de 65 pays, exhibant son passeport “Plus gros qu’un passeport normal pour avoir assez de pages pour les visas et tampons !” Après avoir traîné Jenny et Vincent jusqu’au bout de la nuit dans les bars branchés de Saint-Kilda, il les invite à l’anniversaire de sa petite sœur “qui a 25 ans et est déjà propriétaire de sa propre maison”.



Ce soir, il faut se déguiser car le thème de la soirée est : “Rave des années 90”. Toute la famille est là. Le père néo-zélandais se fait un malin plaisir de parler rugby avec Vincent, lui rappelant le plus souvent possible le quart de finale de la dernière coupe du monde... La mère, elle, est très fière de faire goûter du fromage “d’ici” à des Français réputés connaisseurs. Mais croyant débarquer à une soirée de jeunes presque trentenaires branchés des suburbs de Melbourne, quelle ne fut pas leur surprise quand, en arrivant, ils se retrouvent au milieu d’une boum de teenagers ! Ce qui ne fut pas pour déplaire à Jenny qui pendant près d’un an a été sevrée de bonbons. En une soirée, elle a pu rattraper son retard et repartir les poches pleines de gourmandises colorées !


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